Reprise collective: le Mont Orignal

Reprise collective: le Mont Orignal

7 mars6 minutes de lecture

En 2012, la station de ski Mont Orignal, à Lac-Etchemin, a bien failli disparaitre! Heureusement, pour plusieurs membres de la communauté, ce n’était pas une option.

Résultat: une reprise collective sous le modèle d’une coopérative. 

  • Fondation de la station de ski Mont Orignal : 1974
  • Mise en vente : 2012
  • Constitution de la coopérative de solidarité : 2012

En mai 2012, le propriétaire de la station de ski, Michel Biron, annonce qu’il souhaite vendre la montagne avant le 1er septembre et que s’il ne trouve d’acheteurs, il procèdera au démantèlement des équipements pour les vendre à la pièce. Prix demandé: 2M$.

En premier, Michel Biron a approché la municipalité pour sonder son intérêt d’acheter la station, mais il s’agissait d’une transaction impossible à réaliser pour cette dernière. 

« Cependant, considérant les retombées socioéconomiques et les impacts d’une fermeture sur la région, la municipalité a fait preuve de proaction en amorçant des démarches pour soutenir le projet d’une reprise collective. » – Laurent Rheault, ancien directeur général de la municipalité

 

Un défi de taille

Le défi était de taille : Sauver le Mont Orignal en amassant les 2 M$ nécessaires à l’acquisition de la station.

La solution : Mettre sur pied une coopérative de solidarité.

Marc Lacroix, un membre de la communauté, était sensible au modèle coop pour avoir travaillé chez Desjardins. Il connaissait également la CDRQ, qu’il a aussitôt interpelée. Au printemps 2012, un comité provisoire a été créé en vue de réunir des expériences diversifiées, établir une stratégie, répartir le travail, préparer le plan d’affaires et s’assurer d’un suivi régulier. Autant de démarches pour lesquelles la CDRQ a été mise à contribution.

En quelques semaines, la coop a réussi à amasser les 2 M$ nécessaires. Les parts acquises par les 60 membres fondateurs et les prêts et subventions accordés par la caisse Desjardins, le CLD et le gouvernement du Québec ont constitué une grande partie de ce montant. De plus, la municipalité de Lac-Etchemin a joué un rôle important en achetant, entre autres, le chalet d’accueil de la station et les stationnements.

 

Autres défis relevés lors de la reprise collective

Le comité provisoire ainsi que la municipalité ont réussi un véritable tour de force grâce à la mobilisation du milieu. Ils ont fait preuve d’un grand leadership. Voici quelques défis relevés :

  • Échéancier très serré 
  • Financement de 2 M$ amassé en 13 semaines 
  • Constitution de la coop 
  • Mobilisation de la communauté (investissement, bénévolat) 
  • Couverture de presse abondante 

 

Les forces de Mont Orignal

  • Une clientèle et une notoriété bien établies.
  • Des revenus de 1,3 M$ et des retombées économiques estimées à 2,6 M$.
  • 80 emplois.

 

Objectifs de la reprise collective

  • Maintenir le centre de ski en opération.
  • Préserver les 80 emplois.
  • Accroitre la notoriété de la station vers la grande région de Lévis, et même hors de Chaudière-Appalaches.

 

Conditions gagnantes ayant favorisé la reprise

  • Une volonté unanime du Conseil municipal et de l’équipe de direction de la municipalité d’agir sur le développement local. 
  • Une volonté rigoureuse d’utiliser son territoire et ses éléments structurants en matière de tourisme comme effet levier favorisant le développement. 
  • Une grande transparence auprès de la population locale et l’utilisation des fonds d’aide financière disponibles auprès des instances de développement tels que MRC, SADC, institutions financières, etc. 
  • Collaboration, aide technique, disponibilité tout au long du projet de relance, de la part de la municipalité. 
  • Un tandem fort, solide et empreint de confiance doit être présent entre le Maire et le DG. 
  • Un projet dont le plan favorise l’engagement des acteurs économiques locaux et régionaux

Le soutien de la communauté et des différents partenaires (Desjardins, CLD, gouvernement) a beaucoup aidé au succès de l’initiative.

« La CDRQ a joué un rôle important aussi. Elle a permis au comité provisoire de choisir la forme de coop la plus appropriée, et de procéder à la création de celle-ci, des règlements, de la mise en place de la gouvernance, des démarches administratives, attacher le financement, etc. » – Marc Lacroix, membre de la communauté

 

La municipalité: un partenaire essentiel

La municipalité a convaincu Desjardins d’investir dans le projet grâce à un fonds de développement régional, mais ce n’était pas suffisant. Elle a proposé un règlement d’emprunt pour lequel il n’y a eu aucune opposition. De plus, elle a sollicité des dons auprès de la population permettant d’amasser 118 000$!  

Pour en faire l’acquisition, la municipalité a proposé d’élargir la vocation du chalet pour en faire un centre communautaire, tout en le louant à la coop pour la saison de ski. Cette mécanique a permis d’apporter une contribution financière substantielle à la coop (environ 700 000$) tout en se dotant d’une nouvelle infrastructure servant à la population. Pour la coop, c’était moins de soucis puisque le prix de location comprenait l’entretien et les réparations assurées par la municipalité. 

« Si une infrastructure de tourisme et de loisir devait cesser ses activités, je recommanderais au DG de la municipalité de rassembler les informations démontrant l’importance de son impact socioéconomique sur la municipalité et, plus largement sur la région, pour ensuite sensibiliser le maire et le conseil municipal des impacts qui en découleraient. » – Laurent Rheault, ancien directeur général de la municipalité

 

Quelques chiffres

  • Ajout de 15 km de sentiers de ski de fond, représentant un investissement de plus de 125 000$ au cours des trois dernières années.
  • Ajout de 45 km de sentiers de raquette.
  • Ajout d’un sentier pédestre.
  • Ajout d’une dizaine de sentiers de vélo de montagne.
  • Ajout de 15 sites de camping.
  • Création d’une offre de ski adapté pour les gens ayant des motricités réduites ou des handicaps physiques ou intellectuelles. 
  • Achalandage record de 33 200 skieurs malgré une baisse du nombre de jours d’opération pour maximiser les heures d’ouverture et réduire les frais fixes.
  • Plus de 50 000 personnes se rendent au Mont Orignal annuellement.  

 

Et l’avenir?

Grâce à la mobilisation engendrée par la coopérative, et le sentiment d’appartenance et d’engagement de ses membres, le Mont Orignal a pu bénéficier de nombreux développements au cours des dernières années. Résultat? La coop Mont Orignal est en train de réaliser son objectif d’être un pôle d’attraction 4 saisons pour la région.

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